A PROPOS

Theatre Juin 2006Un Tango pour Marivaux/ Juin 2006

«  Un groupe d’élèves, peut devenir une usine de rêves au sens technologique où l’entendait Maïakovski, c’est-à-dire un lieu où l’on invente, où l’on produit et où l’on contrôle ce qu’on produit. »

Depuis Septembre 2002 , la compagnie Petit Théâtre Français et le Lycée Français de Prague sont en convention pour offrir aux élèves du collège et du lycée des ateliers de pratique et de créations théâtrales sous la direction de Sophie Knittl-Ottinger.

Le mot de la metteuse en scène:

Un premier mot pour parler de ces ateliers: Découverte

Découverte de tout ordre aussi  bien au niveau des textes -auteurs classiques et contemporains afin de permettre la comparaison des variations d’écritures théâtrales au fil des siècles- qu’au niveau des genres : le drame, l’alexandrin, la comédie, le vaudeville, le drame réaliste, l’épique, le registre contemporain jusqu’à la création collective au bord de l’écriture de plateau.

Découverte des mots et de leurs valeurs, c’est-à-dire le respect au pied de la lettre de ce qui est écrit et en s’imposant cette exactitude y trouver sa liberté d’interprétation car le mot porte en lui l’incarnation. Je ne peux que me référer à Antoine Vitez qui a toujours creusé la part textuelle dans son « Théâtre des Idées ».

Le corps de l’acteur

Je fais aussi la part belle au corps, un vecteur essentiel de l’émotion et de l’incarnation que j’aime pousser au plus loin des possibilités de chacun, au plus proche d’un « Tanztheater » -de ce Tanztheater qui fut inventé par Pina Bausch et qui a, au-delà du monde de la danse, touché et influencé notre monde de théâtre.

La musique est là aussi présente de plus en plus souvent en directe et en création particulière à chacun des projets.

Les représentations

Tout cela permet d’amener au plus près de soi la recherche de l’incarnation, cette incarnation qui va se faire aussi avec  la personnalité unique de chacun et ainsi permettre aux jeunes élèves de découvrir leur part de théâtralité tout au long de l’année, qui se construit dans le temps et qui vient se mettre en lumière dans le spectacle. Ce temps de la représentation est aussi un moment très important car il fait entrer en jeu le « quatrième acteur » qu’est le public. Cet acteur donne une autre dimension à la représentation, il lui donne résonance et lui creuse parfois un sens encore différent que celui trouvé au fil des répétitions.

Créations

Ces ateliers sont aussi et avant tout lieux de créations puisque chaque saison offre plusieurs nouveaux spectacles et à chaque fois de nouvelles formes, de nouveaux textes, de nouvelles personnalités sont découvertes. En effet, même si l’art théâtral est celui de la patiente répétition, il induit aussi le renouvellement, la remise en cause permanente, surprendre toujours et surtout se surprendre et continuer à trouver, travailler, proposer encore et encore, s’acharner, puis lâcher-prise et s’émerveiller.

Le théâtre se trouve aussi dans l’accident, dans ce qui ne devait pas avoir lieu et qui nous arrive, malgré tout-là on ne joue plus, brutalement sorti du confort, on est mis en danger et l’humain du comédien jaillit presque malgré lui sans plus chercher mais en inventant immédiatement, en osant, en risquant son va-tout.

Le théâtre, c’est toujours essayer, ne jamais savoir, ne jamais se reposer sur des acquis – quels acquis ? Fragiles, éphémères, ils se sont construit sur le sable et un souffle, un rien les effacent-ne jamais savoir avant.

Je dirais enfin que ces ateliers sont lieux d’exercices, d’improvisations, de jeux théâtraux, de discussions car  le théâtre ne peut se faire que dans la bonne humeur ou plus précisément «  l’humeur bonne ».

Sophie KNITTL-OTTINGER